Moulin de l'abbaye d'Aulne (Hainaut)
Moulin de l'abbaye d'Aulne (Hainaut)
L’ancien Moulin de l’Abbaye d'Aulne témoigne aujourd’hui d’un passé mouvementé attesté par le nombre de stigmates et indices relevés à travers l’édifice. L’ensemble de ces traces et vestiges, repris dans l’écorché ci-contre, influent respectivement sur l’ensemble des orientations et des choix opérés au sein du projet. Nous noterons de manière générale l’ouverture d’anciennes baies murées, le comblement et réfection de zone remaniées, la restitution d’un « monte-sac » ou encore la suppression du plancher intercalaire en béton récent. Outre ces diverses interventions localisées, le concept directeur du projet se justifie davantage par la combinaison de deux paramètres ressentis par l’équipe lors de nos visites et expertises.
Tout d’abord, cette architecture de charpente, déployant du sol au faîte un système de ferme à deux entraits soutenus par des piles de maçonnerie, confère au volume intérieur une amplitude toute particulière, qui constitue à nos yeux une réelle invitation à flâner sur toutes hauteurs, dans un vaste volume ouvert et dégagé. Deuxièmement, le dessin détaillé de la façade méridionale a permis de mettre en évidence un déséquilibre de l’ancienne composition de façade, tronquée sur sa partie occidentale. C’est précisément ce constat qui nous amène à entamer une réflexion en terme de « pleins et de vides » particulièrement vis-à-vis de la proximité entre la baie de la première travée et l’angle taluté de l’édifice. En conclusion, la combinaison de ces deux paramètres plaide en faveur d’une extension, strictement limitées dans le périmètre de l’actuel appentis et en évocation de l’édifice disparu, qui non seulement a pour objectif de rééquilibrer l’esthétique générale de la façade principale, mais aussi et surtout, offre la possibilité de concentrer dans ce nouveau volume l’ensemble des espaces et locaux nécessairement « fermés », au profit d’une ouverture globale du volume de l’ancien moulin.
Le projet s’apparente dès lors à l’image d’une vaste « salle des pas perdus », dans laquelle le visiteur est accueilli et est invité à éveiller sa curiosité à travers un réseau de passerelles suspendues au sein du volume sous charpente. Notre aménagement souligne également un axe transversal fort reliant la passerelle qui commandait les vannes à la nouvelle entrée principale de l’édifice, dont l’implantation s’appuie sur les vestiges de piédroits et de claveaux. Notons qu’au-delà de l’aspect architectural, ce parcours scénographique tire parti des différentes ouvertures et vues offertes par l’édifice de telle sorte à mettre en scène les thématiques de « l’eau et son environnement », « l’artisanat local et l’industrie hydraulique », « les grandes ruines de l’abbaye cistercienne », « la culture et les traditions régionales ».